« À la maison, il y avait quatre chambres. La mienne, celle de mon petit frère Gilles, celle de mes parents et celle des cadavres. »
Avec cette première phrase, Adeline Dieudonné pose les bases d’une famille pour le moins dysfonctionnelle. Le père est un véritable prédateur, passionné de chasse et collectionneur de trophées. Il terrorise la maisonnée et cogne régulièrement sur sa femme. La mère s’est résignée depuis longtemps et tente désormais d’être la plus transparente possible. Reste Gilles, le petit frère plein de vie, un véritable rayon de soleil dans l’horreur de ce quotidien. Quand un accident vient bousculer cet équilibre précaire, c’est tout le monde de notre héroïne qui s’effondre.
Car depuis cet accident, Gilles n’est plus le même. L’éclat dans ses yeux a disparu et on n’entend plus son rire résonné dans la maison. La narratrice a 10 ans quand elle voit son petit frère se refermer sur lui-même et tomber sous la mauvaise influence de leur père. Pour elle, cette tragédie a modifié le cours de leur histoire. Dans leur autre vie, rien ne s’est passé et Gilles est encore un enfant insouciant. Une seule solution pour en sortir : voyager dans le temps pour éviter le pire et ainsi délivrer son frère de ses démons. Récit initiatique, le roman suit le parcours d’une jeune fille surdouée forcée de quitter précipitamment l’adolescence pour affronter la violence des adultes et sauver ce qui peut encore l’être.
La vraie vie, c’est un roman puissant où l’urgence des vies qui sont en jeux nous tient en apnée jusqu’à la dernière page. Pas vraiment un roman coup de coeur mais plutôt une lecture coup de poing, de ceux qui nous laissent un arrière goût de révolte dans la bouche. Un incroyable premier roman d’une autrice belge que je découvre avec presque un an de retard, aussi violent qu’émouvant, et juste ce qu’il faut d’humour pour contrebalancer la noirceur des personnages.
Adeline Dieudonné, La vraie vie, L’Iconoclaste, 2018.
by Jean-Pierre Vialle Poste dans DIEUDONNE Adeline, Livres commentes, Livres en francais, Prix litteraires (Livres), Romans Tagu Famille, Folie, Prix du roman Fnac, Prix Filigranes, Prix Premiere Plume, Violence Poster un commentaire
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