Une fois n’est pas coutume, je vais parler d’un livre que je n’ai pas aimé. Ou plutôt dont la lecture n’a pas été facile pour moi. Car même si elle m’a laissée un goût amer, il y a des choses positives à dire sur My absolute darling.
Avant tout, de quoi ça parle ? Elevée par Martin, un père charismatique et violent, la jeune Julia, alias Turtle, aime se promener les pieds nus dans la forêt, nettoyer compulsivement des armes à feu et gober des œufs crus au petit-déjeuner. Le lourd secret qu’elle partage avec son père empêche cette adolescente renfermée de nouer des liens avec ses camarades de classe. Il faut dire que depuis la disparition de la mère, ils entretiennent une relation ambiguë qui isole toujours plus Turtle du reste du monde.
Mais pourquoi My absolute darling est si dur à lire ? Pour comprendre la relation destructrice de Turtle et Martin, l’auteur va enchaîner les exemples de sévices physiques et psychologiques qu’elle endure tous les jours dès qu’elle rentre de l’école. Chaque anecdote est plus dure et vicieuse que la précédente. Difficile de comprendre au départ l’intérêt de cette surenchère de violence qui finit par apporter une certaine lourdeur au roman, mais on s’accroche car l’écriture est là et qu’on ne peut ignorer le talent de Gabriel Tallent. L’auteur veut nous montrer l’horreur du quotidien de Turtle, jusqu’à l’écœurement. Et puis, un jour, au détour d’une promenade dans la forêt, elle rencontre Jacob. Cet adolescent au sens de la répartie aiguisé va s’intéresser de près à notre petite sauvage aux pieds nus, et sans même le réaliser il va forcer Turtle à abandonner sa carapace.
Il y a beaucoup de lâcheté dans My absolute darling. De la part du père, évidemment, mais aussi de tous ces personnages qui gravitent autour de Turtle. Ils ont des doutes, effleurent parfois le cœur du problème, mais n’osent jamais aller plus loin car une enfant de 14 ans leur dit que tout va bien. Turtle elle-même passe constamment de l’amour à la haine vis-à-vis de sa relation dysfonctionnelle avec son père, tiraillée entre l’envie que tout s’arrête et la peur de n’avoir jamais rien connu d’autre.
Le final presque hollywoodien a manqué pour moi de réalisme et surtout ne justifie pas la violence constante. Au final, on subit ce roman du début à la fin, mais il laisse indéniablement sa marque sur le lecteur, en bien ou en mal.
Grabriel Tallent, My absolute darling, Gallmeister, 2019.
Excellente critique, chère Désordonnée. Et pas mécontente de rencontrer quelqu’un qui, comme moi, n’est pas fan absolu de My Absolute Darling!
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