Ru de Kim Thúy

Ru de Kim ThuyKim Thúy est vietnamienne. De ce Vietnam d’avant la guerre et le communisme qui a bercé son enfance dorée à Saigon. Avec ses parents et ses frères, elle va fuir ce pays en guerre qu’elle ne reconnaît plus. Ensemble, ils feront partie des « boat-people », ces migrants fuyant le Vietnam par la mer. Elle découvrira les camps de réfugiés de Malaisie avant d’arriver au Québec à l’âge de 10 ans.

Mais Ru n’est pas un simple compte-rendu de ses années d’errance et d’apprentissage car Kim Thúy va couvrir d’un voile de poésie les atrocités de la guerre, la douleur de l’exile et la peur de l’inconnu.

La plume est douce et sereine et le Vietnam ne m’a jamais semblé aussi beau qu’à travers ses souvenirs. Kim Thúy se livre avec pudeur dans ce récit aux chapitres courts mais intenses. Chacun d’entre eux dresse le portrait d’une personne qui a marqué sa vie : sa cousine Sao Mai, son amie Jeanne, ses fils Henry et Pascal, son oncle Deux ou encore son grand-père paternel, mais surtout sa mère que l’on retrouve souvent en filigrane. L’auteur voyage entre passé et présent, dépeignant par petites touches les différents aspects de la vie des réfugiés vietnamiens que vous ne trouverez jamais dans les livres d’histoire.

« On oublie souvent l’existence de toutes ces femmes qui ont porté le Vietnam sur leur dos pendant que leur mari et leurs fils portaient les armes sur les leur. On les oublie parce que sous leur chapeau conique, elles ne regardaient pas le ciel. »

Kim Thúy, c’est une rencontre extraordinaire à la Foire du Livre de Bruxelles 2015 où le Québec était à l’honneur. C’est une personne qui a toujours le mot pour rire et qui sait vous faire voyager rien qu’en tournant la page d’un livre. Elle décrit avec une facilité déconcertante les odeurs, les sons et les couleurs qui font le Vietnam d’hier et d’aujourd’hui.

« Sans son visage, nous aurions certainement perdu le désir de tendre la main pour rattraper nos rêves. »

À la fin, beaucoup de pages cornées dans ce livre et beaucoup de chapitres relus pour en saisir toutes les nuances. L’auteur sait trouver les mots justes, entre sobriété et tendresse, pour décrire une transition difficile mais surtout une vie hors du commun.

Kim Thúy, Ru, Liana Levi, 2010.

3 commentaires Ajouter un commentaire

  1. Alison Mossharty dit :

    Tu en parles vraiment bien de cette lecture ! J’avais totalement accroché à son écriture que je trouve très élégante. Très belle chronique en tout cas !

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    1. La Désordonnée dit :

      Merci beaucoup ! Élégante, c’est le bon mot. J’ai bien envie de découvrir ses deux autres livres.

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