Radium girls de Cy

« Ne faites pas ça, ça va vous rendre malade. »

1918. Grace travaille pour l’United States Radium Corporation, une société qui utilise le radium pour produire une peinture fluorescente. Elle passe ses journées à peindre des chiffres sur des cadrans de montres. Maintenant, on peut lire l’heure, même dans le noir ! La technique est simple : lip, dip, paint. On lisse le pinceau avec ses lèvres, on le trempe dans la peinture, on peint directement sur le cadran, et on recommence !

Elle et ses amies ne comprennent pas la remarque du médecin de l’USRC. Les rendre malade ? Si le radium était dangereux, ça se saurait ! Au contraire, on prétend même que c’est bon pour le teint, alors les filles s’amusent avec la peinture : sur les ongles, sur les vêtements, et même sur les dents ! Tout est bon pour surprendre les petits amis et la famille. Il faut dire que lorsqu’on est une radium girl, on a l’habitude de « briller ». 

Mais au bout de quelques temps, Grace et sa bande commencent à ressentir les effets de ce poison, elles ont mal aux pieds, au dos, et elles perdent leurs dents l’une après l’autre sans que l’USRC ne réagisse. Lorsque les premiers décès arrivent, la société va se chercher des excuses. « C’est surement la syphilis », une maladie pratique pour dissimuler les symptômes de la radiation et discréditer en même temps les jeunes ouvrières. Ce n’est pas parce que toutes les filles ont des nécroses de la mâchoire que c’est nécessairement le radium ! Pour Grace, c’est le début d’un compte à rebours : elles sont toutes condamnées mais elles comptent bien obliger l’USRC à prendre ses responsabilités avant de rendre leurs derniers souffles.

L’histoire des Radium Girls, basée sur des faits réels, est furieusement fascinante. Dans les dessins aux crayons de couleur de Cy, on retrouve toute la sensibilité de ses femmes sacrifiées sur l’autel de la rentabilité. L’autrice travaille sur des camaïeux de bleu et de mauve qui font ressortir le vert du radium, le résultat est magnifique.

Malgré tout, on finit l’album avec un goût de trop peu. Ce qui s’est passé ces années-là a eu d’importantes répercussion sur le mouvement pour les droits des salariés aux Etats-Unis. En faisant quelques petites recherches, on découvre vite que l’USRC engageait spécifiquement des femmes pour manipuler le radium, tandis que les propriétaires et techniciens, qui eux connaissaient ses effets dévastateurs, évitaient soigneusement de s’exposer. Par contre, ils n’hésitaient pas à encourager les ouvrières à lisser les pinceaux avec leurs lèvres car ceux-ci s’abimaient vite. On en oublie aussi que le radium a aussi fait une autre victime bien avant ça : la célèbre Marie Curie, qui a découvert le composant en 1898. Les dangers étaient donc connus depuis longtemps mais, hé, c’est important de pouvoir lire l’heure dans le noir.

Petit plus, certains éléments de la couverture brille dans le noir. C’était logique, mais j’ai mis du temps à m’en rendre compte !

Cy, Radium Girls, Editions Glénat, 2020.

Note : 4 sur 5.

2 commentaires Ajouter un commentaire

  1. Mokamilla dit :

    Envie de l’acheter à chaque fois que je le croise !

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