L’histoire semblait banale. Noah, un garçon un peu complexé, rencontre Alex lors d’une soirée. Entre eux ça match tout de suite mais Alex ne veut pas s’engager.  Comme elle est si sûre d’elle et terriblement belle, Noah ne peut s’empêcher de penser que c’est son physique à lui qui bloque. D’autant plus qu’elle idolâtre une star hollywoodienne à la plastique irréprochable. Il décide alors de changer pour elle. 

Et puis ça finit par vous frapper, l’inversion des genres. Ici, c’est la mystérieuse Alex qui a peur de l’engagement, et le timide Noah qui devient la cible des publicités minceurs et des crèmes antirides. L’algorithme impitoyable de nos réseaux sociaux lui dictent chaque jour des standards de beauté presque inatteignables.  Et Noah cède à tout : les salles de sport, les soins pour le corps, le maquillage, les coiffures à la mode : tout ce qui peut le rendre plus cool aux yeux d’Alex. 

Derrière ce titre énigmatique, on retrouve donc un récit profondément contemporain, miroir inversé de nos sociétés. L’autrice nous fait comprendre avec beaucoup de finesse qui est libre d’être ce qu’il veut et qui doit subir les injonctions incessantes des publicités. Et pendant que ces deux jeunes essayent de se construire une histoire, on reconnait vite les signes d’une relation toxique : comparaison, privation, absence, critique… Tous les ingrédients sont là, sur fond de réseaux sociaux omniprésents. Mais au fond, ses efforts vont-ils vraiment payer ? 

Julia Reynaud, Le Bel Alex, Casterman, 2022.