L’inconnu de la poste de Florence Aubenas

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À l’origine de L’inconnu de la poste, il y a un fait divers datant de 2008 : le meurtre par 28 coups de couteau de Catherine Burgod dans le bureau de poste d’une petite ville de l’Ain en France, quelques jours avant Noël. Il s’avère très vite que la victime, fille du maire, était enceinte au moment des faits. La police s’emballe, il faut vite trouver un coupable.

C’est à ce moment-là que Gérald Thomassin entre en scène. Cet acteur marginal est bien connu dans le village, même s’il est arrivé il y a moins d’un an. Il enchaîne les rôles prestigieux au cinéma autant que les visites en centres de désintox, mais il a surtout un gros défaut : il vit en face de la poste. Le mobile ? Il avait probablement besoin des quelques billets de la caisse pour se payer sa prochaine dose. Il n’en faut pas plus pour que le comportement parfois étrange de Thomassin, et même le César qui l’avait récompensé en 1991 comme jeune espoir du cinéma français pour son rôle dans «  Le petit criminel » de Jacques Doillon, jouent comme éléments à charge. Ce premier rôle a été une chance pour l’adolescent de 16 ans qui vivait en foyer d’accueil. Jacques Doillon voulait de l’authentique pour son film, il est tombé sur un Thomassin qui ne demandait qu’à faire ses preuves. S’en suit une belle carrière dans le cinéma, mais malgré une vingtaine de films à son palmarès, l’acteur est souvent rattrapés par ses vieux démons. 

La journaliste Florence Aubenas enquêtera plus de 6 ans sur le meurtre de Catherine Burgod et rencontrera plusieurs fois Gérald Thomassin avant son étrange disparition en août 2019, le jour d’une ultime confrontation au Palais de Justice de Lyon qui allait sceller son destin. On ressent la volonté de l’autrice de ne pas se positionner dans cette affaire judiciaire, mais on comprend très vite qu’il y a eu des manquements dans l’enquête et que Thomassin a vite endossé le rôle de l’étranger qui dérange.

De Thomassin, on n’apprendra finalement pas grand-chose si ce n’est qu’il restait peu de temps à un même endroit et que l’argent de ses tournages semblait lui brûler les doigts. Cet enfant de la DDASS nous laisse finalement avec une forte impression de destin manqué. 

Florence Aubenas, L’inconnu de la poste, Editions de l’Olivier, 2021. 

Note : 2.5 sur 5.

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