Rue américaine de Lia Capman

71WWcSVmLrL._SL1500_Bruxelles, 1907. L’Art nouveau, incarné par le célèbre architecte Victor Horta, est à son apogée. Anna Pluys, jeune gouvernante zélandaise, arrive pourtant dans une capitale bouleversée par la disparition de Jeanne, une enfant de huit ans. Envoyée au numéro 23 de la rue Américaine, Anna pénètre dans la maison-atelier de Victor Horta lui-même, un véritable chef-d’œuvre architectural, avec ses verrières somptueuses, ses motifs végétaux qui serpentent sur les murs, et ses boiseries élégantes.

Mais cette belle maison, qui semble littéralement prendre vie à mesure que l’intrigue progresse, protège ses habitants autant qu’elle les isole du monde extérieur. Très vite, ce huis clos devient étouffant pour notre Zélandaise qui cherchait pourtant à Bruxelles un échappatoire. Entre bruits nocturnes et silhouettes spectrales, la demeure se retrouve au cœur d’un suspense finement orchestré, où chaque murmure peut cacher un indice… ou un danger. Anna en est persuadée : l’ombre fantomatique d’une petite fille hante la maison. Serait-ce la petite Jeanne, ou un simple souvenir de sa sœur Fanny ?

J’imagine qu’on n’habite pas une maison comme celle-ci, mais que c’est elle qui vous habite.

Naviguant entre les mondes, Anna oscille à la frontière des domestiques – Marcel, Fernande et Rosalie – et des maîtres – Victor, Julia et la jeune Marguerite. Et derrière la magnificence du décor se cache une réalité plus sombre : des personnages hautains, indifférents ou même carrément dangereux évoluent dans un univers qui, sous ses airs de cage dorée, cache une réalité loin d’être idéale.

Lia Capman, avec une plume fluide et maîtrisée, nous plonge dans une intrigue où chaque recoin de la maison semble dissimuler un secret. Le contraste entre l’architecture somptueuse et les tensions sociales exacerbées enrichit un roman qui dépasse le simple mystère pour explorer des thèmes comme le statut des femmes, la condition des domestiques, et la violence d’un monde où les apparences dominent. Un polar historique à l’ambiance gothique, aussi séduisant qu’inquiétant !

Lia Capman, Rue Américaine, Academia, 2024. 

Note : 3.5 sur 5.

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