Augustin avait déjà perdu sa jeune épouse bien trop tôt et élevé seul son unique fille, Camille. Mais le sort semble vouloir s’acharner, il est aujourd’hui impuissant face au drame qui touche à nouveau sa famille : Camille accouche d’une fille mort-née qu’elle souhaitait appeler Lydie. Du père, on ne saura rien mais « quand il s’agit de culbuter une jolie fille un peu simplette, c’est pas les candidats qui manquent » selon les voisins.
Zidrou présente Lydie comme un « hommage au quotidien, à la solidarité humaine et à la gentillesse ». Et c’est effectivement grâce à la tendresse de tout un quartier que la petite Lydie va, malgré tout, prendre vie.
Deux mois après l’accouchement, Camille rentre en trombe au Café Lefort et assure à tous ses habitués que Dieu lui a rendu sa petite Lydie. Pour l’ensemble des habitants de l’Impasse du bébé à moustache (surnom dû à la grande publicité prônant les vertus d’un savon pour bébé peinte sur le mur de l’impasse), la mort de Lydie a fini par faire perdre la raison à sa mère. C’est dans un mélange de gêne et de pitié qu’ils observent le berceau que leur montre Camille… Complètement vide.
Lydie traite avec douceur de la différence et du handicap. Nous sommes en 1930 et l’internement des personnes légèrement déficientes mentalement n’est pas encore à la mode. Augustin et les habitants du quartier s’interrogent, faut-il une nouvelle fois briser le coeur de Camille en lui faisant comprendre que le bébé qu’elle est persuadée de tenir dans ses bras n’est qu’une illusion ? Pourquoi ne pas simplement jouer le jeu ? Camille a déjà tant souffert dans la vie et puis, elle est heureuse comme ça. Mais peut-on mentir aux autres et à soi-même éternellement ? Et finalement, quand on considère un mensonge comme vrai, ne devient-il pas une réalité ? Quelle est vraiment la limite entre le mensonge et la vérité ? Cet album aborde toutes ces questions, et bien d’autres encore, sur près de 60 pages aux couleurs magnifiques.
Lydie est une touche de fraîcheur et de gentillesse qui fait énormément de bien. Ça se lit très vite et vous laisse un sourire aux lèvres.

Zidrou et Jordi Lafebre, Lydie, Dargaud, 2011.