La part des flammes de Gaëlle Nohant

eho_nohant1-700x1024En mai 1897, le Bazar de la Charité, lieu mondain par excellence, s’envole en fumé et fait de nombreuses victimes. Mais à peine les nuages de cendres sont-ils retombés que les langues se délient, brisant plus d’une vie sur leur passage.

Le Bazar de la Charité est la plus grande vente de charité de Paris et les femmes de la noblesse se bousculent pour y tenir une échoppe. La duchesse d’Alençon y est présente, comme chaque année, et a pris deux jeunes femmes sous son aile : la controversée Violaine de Raezal et la pieuse Constance d’Estingel. La Part des flammes est une belle découverte qui mêle grande et petite histoire dans un savant mélange des genres qui ne pouvait que me plaire.
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Violaine de Raezal est la charmante veuve du compte Gabriel de Raezal. Son passé semble sulfureux et elle souhaite s’intégrer à la haute société parisienne en tenant le comptoir de la duchesse d’Alençon. D’autant plus qu’il s’agit d’une des dernières volontés de son époux qui craignait pour son avenir une fois que lui-même ne serait plus la pour la protéger. Constance d’Estingel vient quant à elle de rompre brutalement ses fiançailles avec le jeune Lazlo de Nérac qui, en plus d’être un excellent parti malgré les articles qu’il publie dans la presse, s’avère profondément amoureux d’elle. Les raisons de cette séparation restent un mystère pour les parents de Constance qui espèrent que sa participation au Bazar lui remettra les idées en place où, dans le pire des cas, lui permettra de se trouver un nouveau fiancé. C’est que Constance n’est plus si jeune que ça, et les commérages vont bon train…

Elles se retrouveront toutes les deux prisonnières des flammes lors de l’incendie qui coûta la vie à plus de 120 personnes, pour la plupart des femmes issues de la haute société parisienne. La description de l’incendie et de ses ravages par Gaëlle Nogant est d’ailleurs si minutieuse qu’elle fait froid dans le dos. Mais les conséquences de cette tragédie ne s’arrêteront pas aux brûlures, au deuil et aux insomnies pour Violaine et Constance car la solidarité des premiers instants fait vite place aux pires accusations.

Basé sur un fait réel, La Part des Flammes permet d’aborder plusieurs thématiques intéressantes : la condition de la femme dans l’aristocratie parisienne de la fin du XIXème siècle ainsi que l’importance du mariage, la peur de la maladie, la valeur de la beauté ou encore la place du journalisme grâce à Lazlo de Nérac. On comprend très vite que la charité n’est souvent qu’un moyen de justifier l’oisiveté de la noblesse dans un univers fermé où tout n’est qu’apparence. Mais l’incendie va totalement chambouler le destin pourtant bien tracé de nos héroïnes, les embarquant dans une aventure délicieusement romanesque qui remettra en question le rôle qu’elles veulent jouer dans cette société, bien au delà de celui de veuve, d’épouse ou de fiancée qu’on leur impose.

La Part des Flammes offre donc un portrait saisissant de plusieurs femmes à la recherche de liberté.

Gaëlle Nohant, La Part des flammes, Editions Héloïse d’Ormesson, 2015.

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