Robe de marié de Pierre Lemaitre

bm_3877_1734912Il est parfois bon d’avoir un grain de folie, disait Sénèque. Mais celle qui est en train de s’emparer de Sophie ne l’amuse plus du tout. Tout a commencé par des petits détails : des oublis sans importance ou des objets qui ne sont pas là où elle pensait les avoir laissés. Mais au fur et à mesure des mois, ça a empiré. Des pertes de mémoire, des rendez-vous qu’elle a déplacé sans s’en souvenir et même des passages par le commissariat pour des produits retrouvés dans son sac à main dans des grandes surfaces. Même son mari Vincent ne la reconnaît plus.

Sophie serait-elle devenue folle ? Maintenant elle en est sûre. Et ce n’est pas le cadavre qu’elle vient de trouver étranglé avec son propre lacet qui va lui dire le contraire.

Après avoir tout perdu, Sophie se réfugie chez un couple de bourgeois qui l’engagent comme nurse pour Léo, leur insupportable gamin de 6 ans. Mais la trêve est de courte durée et un matin Sophie retrouve Léo mort dans son lit. Personne ne semble être entré par effraction et les parents sont déjà partis travailler… Sophie ne se rappelle pas ce qu’elle a fait la nuit précédente et, elle doit l’admettre, tout semble l’accuser. A commencer par ce fameux lacet qui provient de ses chaussures de randonnée. Plus le choix, elle doit fuir la police et disparaître pour toujours.

Encore plus prenant qu’Alex, du même auteur, Robe de marié  ressemble à un remake macabre du célèbre roman de la Comtesse de Ségur, Les malheurs de Sophie. Malgré toutes ses précautions, les désastres s’enchaînent entraînant morts et dépressions sur leur passage. En très peu de temps, Sophie passe du statut de simple jeune femme légèrement démente à celui de serial killer recherchée dans toute la France. Mais comment arrêter cet engrenage macabre quand on ne garde aucun souvenir de ces meurtres ?

On présente souvent Pierre Lemaitre comme l’un des meilleurs auteurs français de roman noir. Pourtant, entre lui et Bernard Minier, mon cœur balance. Là où Minier aime tisser des toiles d’araignée ultra complexes mais parfaitement orchestrées, Lemaitre va droit au but avec une efficacité redoutable. La chute, comme toujours, est parfaitement élaborée et donne tout son sens à ce titre énigmatique.

Pierre Lemaitre, Robe de marié, Livre de Poche, 2010.

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