Rencontrer ses véritables parents, c’est peut-être le grand rêve de beaucoup d’enfants adoptés. Mais lorsqu’on a idéalisé pendant trop d’années une mère aimante et un père protecteur, le retour a la réalité est généralement assez amère. Sara aurait du s’en douter lorsqu’elle a engagé un détective privé pour retrouver sa vraie mère. Mais la curiosité, et le besoin d’être acceptée, l’emporte vite sur ses hésitations et la voilà devant la porte d’une parfaite inconnue.
Les retrouvailles sont rudes et pour cause : Sara apprend rapidement qu’elle est le fruit d’un viol. Sa mère est la seule survivante du célèbre « Tueur des campings ».
En plus d’en prendre un sacré coup niveau amour propre, ses recherches vont vite attirer l’attention du serial-killer. Celui-ci semble ravi de se découvrir une descendance et son instinct paternel va rapidement prendre le dessus sur ses pulsions meurtrières. Un deal va se conclure entre ce duo père / fille perturbant : le « Tueur des campings », qui se fait appeler John, ne tuera plus tant que Sara répondra à ses coups de fil. Mais John est imprévisible, et facilement irritable. Très vite, les coups de fil ne suffiront plus pour apaiser son tempérament explosif. Sara va être prise au piège dans ce jeu du chat et de la souris, au point de mettre sa vie et celles de ses proches en danger. La fréquence des appels devient oppressante, tout comme les réactions inattendues de John qui exige désormais de la rencontrer.
Comme pour Séquestrée, Chevy Stevens a choisi de rythmer son récit par les visites de son héroïne chez sa psychologue. Moins original, du coup, mais toujours aussi efficace. D’autant plus que ses réflexions sur le poids de l’hérédité sont particulièrement intéressantes. Les pulsions destructrices sont-elles le fruit de la génétique ou le résultat de notre société qui n’éduque plus à l’éthique et à la morale ? Sara se pose la question à plusieurs reprises lorsqu’elle compare les colères de John à ses propres souvenirs d’enfance. Elle sera tiraillée entre le besoin de connaître ce père qui l’intrigue et l’horrifie à la fois, et son sentiment constant de culpabilité vis-à-vis des victimes et de sa propre famille.
Il coule aussi dans tes veines a cependant quelques petits défauts à mes yeux. Il est, à mon avis, moins convaincant que Séquestrée pour deux raisons : le personnage de Billy, l’un des policiers chargé de l’enquête, me parait un peu trop caricatural (sa manie de citer Sun Tzu toutes les trois pages est particulièrement agaçante) et le revirement de situation final est assez prévisible. Je suis restée plutôt sceptique sur ces dix dernières pages qui n’apportent vraiment rien au récit. Malgré cela, Chevy Stevens ne nous laisse pas une minute de répit dans ce thriller prenant qui me donne envie d’en découvrir plus sur son univers.
Et comme dirait Sun Tzu : “Connais l’adversaire et surtout connais toi toi-même et tu seras invincible.”
Chevy Stevens, Il coule aussi dans tes veines, Pocket, 2014.