La Princesse de Clèves de Madame de La Fayette

Une femme qui avoue à son mari qu’elle est tombée amoureuse d’un autre homme pour qu’il l’aide à résister à cette passion, c’est cocasse. Et pourtant, c’est le malheureux destin du Prince de Clèves. Il s’attendait à souffrir de jalousie en épousant la jeune Mlle de Chartres, sa beauté était déjà la source de toute les convoitises, mais là le ciel teste les limites de sa tolérance.

Mais malgré ce violent coup porté à son amour propre, son amour absolu pour sa magnifique épouse le contraint d’observer à distance l’idylle naissante entre la Princesse de Clèves et le duc de Nemours, en croisant les doigts pour que son éducation et sa vertu la maintiennent éloignée de toute galanterie.

Mais avant d’entrer dans le vif du sujet, Madame de Lafayette doit poser le cadre, avec moult détails, n’en déplaise au lecteur. Il faut dire que niveau chamailleries, la cour du roi Henry II, c’est pire que les lycées des séries américaines. Il y a de nombreux nobles qui tournent autour du roi, de sa femme Catherine de Medicis ou de sa maîtresse Diane de Poitiers. Tout le monde se jalouse et les conspirations vont bon train. La mère de Mme de Clèves l’a d’ailleurs mise en garde contre les galanteries de la cour avant de mourir et la Princesse compte bien avoir une attitude irréprochable envers son mari, dont elle n’est pas amoureuse mais qu’elle respecte profondément. Mais ça, c’était avant de rencontrer le duc de Nemours à un bal, le coup de foudre est immédiat.

« Je ne me trouve plus digne de vous ; vous ne me paraissez plus digne de moi. Je vous adore, je vous hais ; je vous offense, je vous demande pardon ; je vous admire, j’ai honte de vous admirer. Enfin il n’y a plus en moi ni de calme, ni de raison. »

L’amour semble une affaire bien compliquée dans ce roman de Madame de La Fayette, et notre héroïne fait preuve d’une raison lucide pour se soustraire au beau duc de Nemours. L’auteur y décrit avec minutie les ravages de la passion amoureuse auprès d’une jeune fille qui a été élevée précisément pour les éviter. Malgré un début un peu fastidieux, on finit par s’attacher à la jeune fille et on brûle d’impatiente de connaître le fin mot de l’histoire : la Princesse de Clèves tombera-t-elle dans les bras du duc ou résistera-t-elle ? Il faudra vous laisser porter par l’écriture précieuse de Mme de Lafayette pour le découvrir !

Mais qui était Madame de Lafayette ? Amie de Mme de Sévigné, elle fait partie de cette avant-garde qui donnera naissance aux femmes de lettres françaises. Ses romans ont la particularité d’être plus courts que la norme de l’époque et de se centrer sur la psychologie des personnages et la vraisemblance plutôt que sur l’enchainement de rebondissements.  Cette écrivaine du XVIIe siècle est aussi la première femme à être officiellement inscrite au programme du bac littéraire en France.

Madame de La Fayette, La Princesse de Clèves, Livre de Poche, 2011.

4 commentaires Ajouter un commentaire

  1. Amélie Haut dit :

    Rafraichissante relecture d’un classique parmi les classiques, considéré comme le premier roman « psychologique » de la littérature française! Ca nous change! Bravo la désordonnée!

    J’aime

  2. Oh, j’ai dû lire ce livre deux fois, au lycée et à la fac. A des années de distance, je pense qu’une relecture apporterait encore de nouveaux éclairages!

    J’aime

    1. Sûrement ! Mais personnellement, je ne suis pas sûre que je l’aurais apprécié au lycée 🙂

      Aimé par 1 personne

      1. Je crois que je n’avais pas trop apprécié!

        Aimé par 1 personne

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s