Le bal des folles de Victoria Mas

J’ai enfin lu Le Bal des folles, de Victoria Mas. Je me suis laissée prendre par un pitch séduisant et, il faut l’admettre, par un bon battage médiatique comme seul le monde du livre en est capable. C’est que l’autrice vous propose de faire le plus étrange des voyages en vous ouvrant les portes de la Salpêtrière. Au XIXe siècle, cet honorable établissement parisien était réservé aux femmes souffrant de troubles psychologiques, dites hystériques, sous la direction du célèbre professeur Charcot, spécialisé en hypnose.

Dans les faits, la Salpêtrière était aussi le lieu idéal pour faire taire à jamais les femmes trop indépendantes dont les convictions pouvaient gêner l’opinion publique ou familiale.

L’univers est évidemment très riche, nous sommes dans un Paris en pleine effervescence scientifique et industrielle. La ville se modernise et avec elle les méthodes de traitement de l’Hospice de la Salpêtrière. Charcot propose des séances publiques d’hypnose sensationnelles, le tout Paris s’y presse pour voir ces femmes en transe. Une fois par an, le professeur organise même un grand bal. Sous prétexte de donner aux patientes un objectif et de quoi leur occuper l’esprit pendant plusieurs mois, la Salpêtrière ouvre grand ses portes le temps d’un soir pour permettre à la haute société parisienne d’approcher les folles de près. Un vrai spectacle !

C’est lors des préparatifs de ce fameux bal des folles qu’Eugénie est déposée sans cérémonie  à la Salpêtrière par son père. Elle a avoué la veille à sa grand-mère qu’elle pouvait communiquer avec les morts, une grossière erreur qui l’a positionnée directement dans la catégorie folle alliée, sans passer par la case diagnostic. Elle y rencontrera la jeune Louise, l’une des célèbres jeunes filles qui participent aux séances d’hypnose publiques, ainsi que la terrible Geneviève, l’intendante qui a voué son existence à la science. Elle n’a qu’une seule idée en tête : s’échapper avant de vraiment perdre la raison.

 » Mais la folie des hommes n’est pas comparable à celle des femmes : les hommes l’exercent sur les autres ; les femmes sur elle-mêmes. »

Le début du roman avait tout pour me plaire, mais j’ai rapidement compris que Victoria Mas ne ferait qu’effleurer la question du traitement des malades à la Salpêtrière. Du professeur Charcot et de ses méthodes, on en apprendra finalement très peu car le roman va vite se concentrer sur Eugénie, un personnage très caricatural, et sa capacité à communiquer avec les défunts. Parmi toutes ces femmes, seule Geneviève sort du lot. Elle est solide, crédible et malgré tout touchante. Au final, je n’ai malheureusement pas accroché à ce roman, je m’attendais à découvrir les coulisses de l’un des plus célèbres hôpitaux psychiatrique de France, je me retrouve avec un récit d’évasion un peu lisse qui tire vers le fantastique.

Victoria Mas, Le bal des folles, Albin Michel, 2019.

3 commentaires Ajouter un commentaire

  1. J’avais vraiment bien apprécié ce livre, c’est dommage qu’il ne t’ait pas plu autant…

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    1. Je pense que c’est surtout dû au fait que ce n’était pas ce à quoi je m’attendais. Du coup, j’étais déçue mais c’est probablement moi qui me suis fait une fausse idée dès le départ.

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