Et toujours les forêts de Sandrine Collette

Traîné de foyer en foyer durant son enfance, Corentin finit abandonné chez son arrière-grand-mère Augustine qui vit en forêt. Entre l’enfant et la vieille femme, un lien profond se crée, mais c’est avec soulagement qu’il découvre la ville lorsqu’il part y faire ses études. Très vite, ses visites à Augustine se font plus rares. Il promet de l’emmener voir la mer, elle qui n’a jamais quitté son village. Augustine le remercie mais ne se fait pas d’illusion, Corentin a adopté la ville et rien ne le fera plus revenir.

Trop occupé par sa vie d’étudiant, Corentin ne réalise pas que le monde autour de lui est à bout de souffle : la terre se réchauffe dangereusement et tout va bientôt brûler.

Pourtant, il remarque cette chaleur irrespirable et constante, mais les soirées d’ivresse se succèdent et c’est la seule chose qui importe à son groupe d’amis. Ils finissent par se réfugier dans des catacombes de la ville à la recherche de fraîcheur. Ils y restent des jours entiers, toujours accompagnés de cette chaleur suffocante. C’est ce qui les protégera de la grande extinction. Au fond de leur trou, ils entendront la terre gronder et les hurlements. Une fois le premier choc passé, ils sortiront pour découvrir l’impensable : il ne reste plus rien. Le monde est devenu gris, des nuages de cendres flottent encore dans l’air et se posent sur tout ce qui existe, particule par particule, en empoisonnant la terre et l’eau.

« Leurs fêtes les sauvaient en même temps qu’elles les éloignaient du monde, mais le monde, ils n’en voulaient pas, ils n’avaient pas imaginé un seul instant que ce serait lui qui ne voudrait plus d’eux. » 

Une seule idée lui vient en tête : retrouver Augustine, si elle a survécu. Lui qui a fui la Forêt désire maintenant y retourner, pour enfin emmener Augustine voir la mer. Il entreprend alors un long périple dans un monde dévasté. Mais quel est le sens de la vie lorsqu’il ne reste plus rien ?

Je ne suis jamais déçue par  Sandrine Collette et ce roman empreint d’humanité ne fait pas exception. L’autrice propose un monde post-apocalyptique d’un réalisme à vous glacer le coeur, avec un vrai questionnement sur l’après et sur ce qui compte vraiment. Elle a toujours le mot juste pour décrire l’intime et apporte un point de vue poétique sur les conséquences humaines d’une catastrophe naturelle. Un livre magnifique, puissant, bouleversant.

Sandrine Collette, Et toujours les Forêts, Editions JC Lattès, 2020.

3 commentaires Ajouter un commentaire

  1. Amélie Haut dit :

    Belle analyse, La Désordonnée. Et, en effet, un magnifique roman quasiment prémonitoire car en matière de confinement, Corentin va devenir un spécialiste dans ce monde où il se retrouve seul!

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  2. Mokamilla dit :

    Je l’ai découverte la première fois avec ce titre que j’ai beaucoup aimé.
    Quel personnage que ce Corentin !

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    1. J’ai aussi lu « Il reste la poussière » que j’avais adoré, ça me donne vraiment envie de découvrir ses autres romans !

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