Mansfield Park de Jane Austen

A l’âge de 10 ans, Fanny Price est accueillie au manoir de Mansfield Park par sa tante, Lady Bertram, et son riche époux, Sir Thomas. Sa famille étant pauvre, ces oncles qu’elle n’avait jamais rencontrés auparavant ont proposé de prendre en charge son éducation. Une enfant que l’on adopte pour se donner bonne conscience mais qui ne fera jamais vraiment partie de la famille.

Entourée par ses cousins, Maria, Julia, Tom et Edmund, elle va grandir dans un univers luxueux et élégant auquel elle n’est pas habitué, toujours sous l’étroite surveillance de sa tante Mme Norris qui ne voudrait surtout pas que Fanny s’imagine être leur égale.  

Au fur et à mesure des années, elle devient une jeune femme instruite au grand sens moral mais d’une timidité maladive qui la réduit presque au silence, excepté avec son cousin Edmund. Amoureuse de lui depuis des années, il est évidemment impensable pour elle de se confesser et essaye de faire taire ses sentiments.  Il en fallait si peu pour que ce paisible équilibre soit bouleversé ! Bientôt une nouvelle venue dans la région, la belle Mlle Crawford, fait chavirer le cœur de son Edmund. Elle et son frère Henry sont en visite chez leur sœur, voisine des Bertram. Et tandis que Fanny souffre en silence de voir Edmund et Mlle Crawford se rapprocher, le volatile Henry Crawford semble lui-même intéressé par Maria, Julia… et Fanny.

Mansfield Park est une histoire de cœur où le statut social joue à nouveau un rôle prépondérant dans les choix de nos protagonistes. La richesse des Bertram empêche Fanny de se confesser à son cousin tandis que Mlle Crawford éprouve des scrupules lorsque Edmund lui apprend qu’il compte devenir pasteur. Sauront-ils faire fi des convenances ? C’est là tout l’attrait du roman.

Comme pour Orgueil et préjugés, la plume manque parfois de légèreté pour une lectrice aussi peu habituée que moi à la littérature du XIXème siècle. Je regrette aussi que l’histoire se précipite dans les 200 dernières pages alors que le roman en fait 650. Heureusement, Jane Austen compense une fois de plus ces quelques longueurs avec des touches d’humour. L’autrice dézingue tous les personnages sans complaisance car ils incarnent chacun à leur façon un mauvais trait de caractère (voire plusieurs pour les pires d’entre eux) : vanité, égoïsme, avarice, frivolité, sottise, paresse… Je pense notamment à Mme Norris, si prompte à aider son prochain quand cela sert ses propres intérêts, un personnage cocasse qu’on adore détester. Ou encore à Lady Bertram et son « indolence » qui en prend aussi pour son grade tout au long du récit. Même Fanny n’échappe pas à la critique lorsque, de retour chez ses parents, elle a du mal à accepter le manque de manières de sa famille alors qu’ils n’ont pas pu bénéficier comme elle d’une  éducation coûteuse. Elle en vient même à considérer certaines habitudes de sa mère comme étant grossières, alors que ces mêmes habitudes deviennent délicates quand il s’agit de la riche Lady Bertram. Personne n’est parfait dans l’univers de Jane Austen ! 

Et l’adaptation dans tout ça ?

Après ma lecture, je me suis plongée dans le film daté de 1999, avec Frances O’Connor et Jonny Lee Miller dans les rôles principaux. Comme dans toute adaptation, certains personnages disparaissent pour simplifier le scénario, des passages entiers du livre sont supprimés pour éviter les longueurs, mais la vraie différence est liée au personnage de Fanny qui devient une belle jeune fille vive, énergique et délicieusement drôle. Exit la timide Fanny incapable d’exister en société et toujours à bout de souffle, voici une héroïne qui n’a pas peur de dire ce qu’elle pense et qui dispose, en plus de ça, d’une très belle plume qu’elle utilise pour écrire des lettres hilarantes à sa sœur Susan. Tout un changement qui rend le film plus féministe et contemporain que l’original et son héroïne bien plus attachante, mais pour la fidélité au roman on repassera.

Ajout intéressant, le focus sur l’esclavage dont Sir Thomas profite grandement dans ses plantations à Antigua. L’origine de la fortune des Bertram est sous-entendue dans le roman de Jane Austen, mais frontalement abordée dans le film.

Jane Austen, Mansfield Park, Editions 10/18, 2016. 

4 commentaires Ajouter un commentaire

  1. Mokamilla dit :

    (Je fais partie de celles qui n’ont jamais pu aller au bout d’un Jane Austen.C’est grave?)

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    1. Ahaha, pas vraiment ! Je ne trouve pas le style très fluide non plus et Mansfield Park est probablement celui que j’ai le moins aimé. Mais de la même époque, Jane Eyre de Charlotte Brontë m’avait semblé beaucoup plus digeste à la lecture.

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      1. Mokamilla dit :

        J’ai failli me lancer avec Jane Eyre pour ma semaine USA/UK sur le blog mais j’ai manqué de temps pour lire tout ce que je voulais. Mais j’irais plus volontiers vers elle que vers Austen je crois.

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