VOX de Christina Dalcher

Le résultat des enquêtes varie à ce sujet, mais partons du principe qu’une personne prononce environ 15.000 mots par jour. Imaginez-vous maintenant qu’un bracelet électronique vous limitait quotidiennement à 100 mots, sous peine de recevoir un violent choc électrique.

Cette absurdité est le quotidien de Jean McClellan, mère de quatre enfants. La particularité ? Seule les femmes, ce compris les petites filles, doivent porter ce dispositif imposé par le nouveau gouvernement conservateur dans le but d’atteindre un idéal, celui de la famille pure : une famille dont la femme est une mère au foyer dévouée à son mari et à ses enfants. Alors, si vous n’aviez que 100 mots par jours, que diriez-vous, et à qui ?

Dans un futur proche et dans une Amérique en proie au fanatisme religieux, le bracelet compteur de mot est l’ultime insulte faite aux femmes dans une série de lois destinées à limiter leur liberté et leur indépendance. Progressivement, les femmes se voient retirer leur passeport, n’ont plus le droit de posséder un compte en banque ou de travailler, et les petites filles cessent d’apprendre à lire et à écrire à l’école. Jean est docteure en neurolinguistique lorsque le gouvernement décide finalement de faire taire la moitié de la population des USA. Elle qui n’avait jamais compris l’intérêt de tous ces mouvements de protestation qui secouaient le pays se retrouve désormais dans un rôle imposé de gardienne du foyer, qu’elle maîtrise assez mal. Pourtant, quand le frère du Président fait une attaque, c’est elle qu’on appelle à la rescousse. En échange ? On lui retire son bracelet compte mot à elle et à sa fille Sonia. Cette période de sursis va l’obliger à réfléchir à leur situation, et surtout à ce qu’il se passera quand on leur remettra ce bracelet. Que fera Jean de cette liberté temporaire et de cette voix qu’elle a enfin retrouvée ?

“Pour triompher, le mal n’a besoin que de l’inaction des gens de bien.”

Souvent comparé à La Servante écarlate de Margaret Atwood, Vox fait preuve d’un réalisme glaçant car, excepté le compteur de mot, rien n’a changé dans cette Amérique que l’on connaît si bien. Mais si l’arc narratif est effectivement similaire, c’est au niveau des personnages que le bât blesse. Jean en particulier manque de profondeur et semble complètement déconnectée du monde qui l’entoure. Malgré ça, les premiers chapitres sont assez bons, mais la fin du roman est extrêmement confuse et m’a laissé un peu perplexe, dommage.

Pour vous faire une idée, cet article fait… 410 mots.

Christina Dalcher, Vox, Editions NiL, 2019.

2 commentaires Ajouter un commentaire

  1. totorotsukino dit :

    je ne suis pas totalement convaincue pour ma part. Tout le contexte dystopique est très bien goupillé et est très accrocheur, mais l’intrigue en elle-même, le labo, le langage.. je ne sais pas, je m’attendais à autre chose 😦
    (j’adore la conclusion de ta chronique sinon.. haha)

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    1. C’est exactement ça ! Toute la partie sur le labo est hyper confuse et la fin a l’air d’avoir été bouclée dans la précipitation. Une super idée sur le papier mais le roman ne va pas vraiment au bout des choses…

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